Communiqué de presse FedeAU: mobilisations agricoles (31/1/24)
Contact presse : Gaëtane Charlier, responsable plaidoyer – 0493/577532
L’agriculture d’aujourd’hui et de demain doit être à la fois écologique et viable économiquement. C’est ce que défend la Fédération bruxelloise des professionnel.le.s de l’Agriculture Urbaine (FedeAU), qui rassemble près de cinquante projets d’agriculture durable à Bruxelles et en périphérie directe. Mais les agriculteurices qui produisent notre nourriture font face à une précarité inacceptable qui doit cesser.
La FedeAU a calculé que les agriculteurices durables de Bruxelles ont un revenu médian brut de 1200 €/mois/ETP. Soit 500 € en moins que ce que prévoit la Commission paritaire pour les travaux techniques agricoles et horticoles, et 750 € en moins que le salaire minimum bruxellois (1) !
Pourtant, l’agriculture urbaine bruxelloise bénéficie directement à plus de 85.000 personnes chaque année (2) via la production de nourriture locale et de qualité, des activités de sensibilisation et d’insertion socio-professionnelle, ou encore des services écosystémiques et climatiques (impactant toute la Région). Il est donc choquant que ces acteurices essentiel.le.s à la ville ne puissent dégager un revenu digne de leurs activités, tout en subissant des conditions de travail très dures.
« Après plus de 10 ans en tant qu’agriculteur, j’ai décidé d’arrêter. La rentabilité est insuffisante, les pouvoirs publics construisent sur les terres où on cultivait, les démarches administratives augmentent sans cesse, la météo est toujours plus imprévisible… Et les pouvoirs publics nous chargent de résoudre les défis sociaux, économiques et écologiques de la ville. La pression extérieure est trop forte, ce qui ne me permet plus de poursuivre mes activités », témoigne Martin Philippart, ancien maraîcher.
Les causes de cette situation sont multiples, dont notamment :
- Au niveau européen – comme le soulève la FUGEA-, la distribution inéquitable des subventions de la Politique Agricole Commune (PAC), les accords de libre-échange, ou encore la déréglementation des marchés obligent les agriculteurices à vendre leurs productions à des prix qui ne leur permettent pas d’obtenir un revenu digne.
- Au niveau bruxellois, la Région [a fait le choix de ne pas s’intégrer dans la PAC, principalement en raison de la taille réduite du secteur agricole à Bruxelles] (modification du CP le 6/2/24). Les pouvoirs politiques ont donc renoncés aux financements européens pour soutenir son agriculture urbaine. Par conséquent, elle finance uniquement sur fonds propres la production alimentaire ainsi que les services écosystémiques, climatiques, sociaux et économiques associés. Les moyens sont donc réduits et tout à fait insuffisants. Par ailleurs, la pression foncière est telle qu’il est extrêmement difficile pour un.e jeune producteurice de trouver un terrain pour pouvoir s’installer de manière pérenne.
La FedeAU demande donc à la Région bruxelloise d’augmenter de manière significative le financement alloué à l’agriculture urbaine durable, pour la production et les activités non-productives bénéficiant à la société (fonctions sociales et environnementales non rémunérées). Elle demande également une politique foncière favorisant davantage l’installation pérenne d’agriculteurices durables.
La FedeAU soutient par ailleurs les mobilisations en cours dénonçant la précarité des agriculteurices et leur besoin de soutien ambitieux aux pratiques agricoles écologiques.
Elle invite à rejoindre les manifestations, dont celle de ce jeudi 1ier février à 11h à la place du Luxembourg, contre les accords de libre-échange (MercoSur).
(1) Calculé sur base de la Convention de calcul adoptée par le Parlement EU sur la fixation de salaires minimaux adéquats (Oct 2022), consistant à prendre 60% du revenu médian en RBC.
(2) « OEuvrer pour l’agriculture urbaine professionnelle. Une réponse aux enjeux présents et futurs de la Région », FedeAU, 2023.
Fédération bruxelloise des professionnel.le.s de l’Agriculture Urbaine – FedeAU
www.fedeau.be