L’agriculture urbaine professionnelle (AU) est caractérisée par des activités agricoles durables intégrées
localement dans un contexte urbain sur petite surface
Premier maillon de l’alimentation durable à Bruxelles, le secteur connaît une évolution rapide,
reconnue à l’international. Elle vient notamment d’être nommée deuxième ville la plus dynamique en
AU, par le Laboratoire d’AU de Montréal. En effet, quasiment inexistante il y a 10 ans, l’AU bruxelloise
recense aujourd’hui plus d’une cinquantaine de projets bénéficiant aux Bruxellois.es.
L’AU dans son ensemble occupe aujourd’hui 0,3% du territoire de la capitale. Pourtant, sur une si petite
surface, elle bénéficie directement à plus de 85.000 personnes chaque année (soit 7% de la
population), via des activités de production alimentaire, sensibilisation, éducation et formation,
cohésion sociale, santé mentale, aménagement urbain, insertion sociale et socio-professionnelle…
.
Par ailleurs, elle rend de nombreux services écosystémiques et climatiques, en faisant une alliée
incontournable des communes pour remplir leurs politiques de lutte contre les changements
climatiques, de préservation de la biodiversité et de réduction de déchets. Elle contribue aussi
directement à l’amélioration du cadre de vie urbain.
En raison de tous les bienfaits sociétaux rendus par les projets d’AU, et des réalités agricoles rendant
ce métier peu lucratif, les pouvoirs communaux ont un rôle essentiel à jouer dans le développement et
la pérennisation de ces projets.
Durant la prochaine législature, la Fédération bruxelloise des professionnel.le.s de l’Agriculture
Urbaine (FedeAU) vous invite à intégrer dans vos politiques les mesures phares suivantes pour
soutenir le secteur :
- Protéger la vocation agricole des terres accueillant déjà de l’AU sur votre territoire. En effet,
de nombreux projets d’AU sont installés à titre précaire et vulnérables à la pression foncière et
aux projets d’urbanisation ou de changement de destination des terrains. - Développer une politique de mise à disposition de terres ou espaces bâtis pour installer des
agriculteur.ice.s et autres professionnel.le.s de l’AU, pour des projets productifs et/ou à
vocation pédagogique, de lien social ou d’accueil de publics fragilisés. Le Facilitateur
Agriculture Urbaine et Terre-en-Vue peuvent vous accompagner dans ces réflexions et
démarches. - Encourager l’achat de productions locales dans les marchés publics, notamment pour
alimenter les cuisines communales ou les épiceries sociales. Diverses astuces peuvent faciliter
l’accès à ces marchés pour l’agriculture durable de petite surface, tels que décrits dans le
compte-rendu du workshop Goodfood B2B « Achats durables en collectivités », organisé le 18-
06-24. Par ailleurs, concernant l’approvisionnement des cuisines communales et épiceries
sociales, d’autres outils peuvent être développés, tels que le salariat agricole en ISP4 ou encore le recours à des
agriculteur.ice.s indépendant.e.s rémunéré.e.s pour animer un potager, encadrer de l’ISP et
produire de quoi alimenter des épiceries du CPAS. Enfin, les CPAS des communes peuvent
proposer des contrats art.60 aux projets d’AU avec des conditions avantageuses, notamment
en termes de contribution financière demandée à ces projets. - Visibiliser et valoriser dans la durée les projets d’agriculture urbaine sur votre territoire, au
sein des pouvoirs publics et auprès des citoyen.ne.s (articles dans le journal communal,
publicité des événements organisés par les projets, visibilisation durant les événements
communaux, visibilisation sur le site web communal des producteur.ice.s locaux et de leurs
canaux de commercialisation, soutiens financiers pour certains événements…). - Soutenir des projets développant et consolidant les filières locales de commercialisation de
la production issue de l’agriculture (péri-)urbaine, tels que les épiceries coopératives de
quartier, le magasin Made in Anderlecht, le projet PANIERS présent actuellement à Forest et
Bruxelles-ville (et à vocation à s’étendre notamment à Molenbeek et Anderlecht), ou encore
les paniers du Réseau des GASAP qui renforce la commercialisation de produits locaux, aide à
rapprocher producteurs et consommateurs tout en consolidant un modèle de circuits courts
et développe le Système Participatif de Garantie (SPG), certification participative et citoyenne. - Soutenir les services écosystémiques, climatiques et éducatifs rendus par les projets
d’agriculture urbaine sur votre territoire. Notamment via des soutiens financiers lors
d’événements de sensibilisation, de l’aide à la gestion des espaces non-productifs et/ou alloués
à la biodiversité sur les terrains d’agriculture urbaine, la prise en charge de certains coûts liés
à ces services rendus (main d’œuvre, investissements,…), etc. - Développer un système de mise à disposition des « déchets verts » produits dans les espaces
verts non-pollués des communes (feuilles mortes, broyat, fumier, …) pour les professionnel.le.s
de l’AU. Pour source d’inspiration, n’hésitez pas à contacter la gestionnaire du projet CARBONE
dans la commune d’Anderlecht, qui a mis en place un tel système, ayant fait ses preuves.
Concernant le compost, les projets communaux de compostage de qualité à l’échelle méso
semblent la meilleure approche. Pour se faire, voir les conclusions du projet Carbone financé
par Innoviris, ayant testé l’installation de méso-composts dans plusieurs communes
bruxelloises. - Soutenir ou créer des maisons de l’alimentation durable et mettre en place un Conseil de
l’alimentation durable.
Nous vous invitons également à aller rencontrer ces projets d’AU sur votre territoire afin de tisser du
lien et connaître leurs réalités de terrain.
Enfin, un Colloque sur l’AU bruxelloise visant à informer et construire ensemble l’AU de demain sera
organisé en 2025 à destination des pouvoirs politiques communaux et régionaux, ainsi que des
administrations. Plus d’informations suivront.
Pour toute question ou volonté de poursuivre les réflexions, n’hésitez pas à contacter la FedeAU :
Gaëtane Charlier coordination@fedeau.be – 0493/57.75.32